L’ÉVÉNEMENT NON PARENTAL (ÉNP)
Tout évènement qui introduit une discontinuité dans l’ADN d’un enfant par rapport à sa mère (ADN-mt) ou à son père (ADN-y), l’enfant ne possédant pas l’ADN de l’un de ses parents culturels ou des deux.
Ce terme correspond sur le plan de l’ADN à une interruption complète ou partielle de transmission.
Plusieurs explications sont possibles:
- Une erreur s’est glissée sur l’identité généalogique. Il peut s’agir d’une erreur cléricale, de transcription, ou encore une erreur due à l’existence de couples homonymes. Ces erreurs sont souvent considérées comme n’étant pas des ÉNP par les généalogistes mais encore faut-il le démontrer ex post facto.
- Un enfant étranger ou même parent a été accueilli en bas âge et a porté le patronyme de la famille d’accueil, suite à un remariage, par exemple. Il peut dans un tel cas, y avoir discontinuité à la fois de l’ADN-Y et de l’ADN-mt. Il peut y avoir discontinuité uniquement de l’ADN-mt lorsque la mère de l’enfant assimilé est la mère ou la sœur de la mère adoptive. L’incorporation de l’enfant de l’une des filles de la maison, ou d’une parente, enfant issu ou non du mariage. Dans ce dernier cas, l’ADN-mt ou l’ADN-Y peuvent alors demeurer le même.
- Une adoption légale. On estime qu’entre 30 et 50,000 enfants Québécois furent placés en adoption entre 1930 et 1965. De ceux-ci, environ 10,000 ont été adoptés au États-Unis (sources à venir).
- Un mariage réalisé alors que l’épouse était enceinte d’un autre homme que le futur époux.
- Un changement d’identité ou de nom de famille. Le changement de nom peut être accidentel, par ex. lors d’un recensement le recenseur a mal compris le nom ou ne l’a pas transcrit correctement. Un changement de nom de famille peut aussi se produire afin de se dissocier de la famille d’origine, suite à un conflit familial ou pour lui éviter un déshonneur. On changeait aussi de nom de famille pour éviter la persécution ou la raillerie, surtout dans un environnement parlant une langue étrangère. Il y a eu aussi une certaine mode qui consistait à joindre un surnom au nom de famille héréditaire pour différencier et distinguer une lignée. Les descendants ont pu par la suite prendre comme nom de famille le surnom.
- Plusieurs cas sont connus de nouveaux nés recevant le nom de famille de leur mère lorsqu’elle n’était pas mariée ou lorsque l’enfant était de père inconnu ou non reconnu par le père culturel ou biologique.
- Le baptême ou l’affranchissement, par exemple, d’un esclave Panis ou d’un nourrisson abandonné. Un enfant accueilli parce qu’il avait été abandonné ou qu’il était né hors mariage pourra conserver le patronyme arbitraire reçu lors du baptême. Le patronyme pourra parfois être celui du Saint du Jour, le nom de famille du parrain volontaire, voir de l’officiant.
- L’accommodation du nom de famille à une autre culture ou à une autre langue. Aux États Unis, les Ladouceur deviennent les Sweet, les Vannasse des Sweeny, les Racicot des Roscoe, les Leblanc des White, les Boisvert des Greenwood, &c.
- L’enfant du viol, de la passion ou de la prostitution de subsistance. Fréquent en temps d’occupation, de guerre. Note: l’enfant de l’inceste fut relativement fréquent mais demeure souvent indétectable par l’ADN monoparental.
- Le rapt ou l’échange d’enfant (cf Espagne, Chili, Argentine).
- Fertilisation assistée, don de sperme, mère porteuse, remplacement des mitochondries pour des raisons de santé.
- L’infidélité, la permissivité conjugale, voire l’échange de partenaires.
Évènement non parental paternel (ÉNP paternel)
Un évènement qui introduit une discontinuité dans l’ADN-Y (et autosomique), le père culturel n’étant pas le père biologique. Cela se reflète par un ADN filial différent de celui du père culturel.
Évènement non parental maternel (ÉNP maternel)
Un évènement qui introduit une discontinuité dans l’ADN-mt et autosomique, la mère culturelle n’étant pas la mère biologique. Cela se reflète par un ADN filial différent de celui de la mère culturelle. La cause principale est l’adoption ou l’assimilation silencieuse.
La proportion des ÉNP dans une population varie grandement. Certaines cultures sont plus ou moins tolérantes. Cette proportion varie aussi selon les époques.
Le Tableau suivant indique les pourcentages d’ÉNP trouvés dans diverses études relativement récentes.
Tableau 1. Pourcentages d’ÉNP trouvés dans diverses études relativement récentes.
L’étude de HEYER et al (1997), réalisée sur des québécois au cours des année ’90, indique 1.2% d’ÉNP paternels. On peut penser que le taux d’ÉNP au Québec se situe autour de 1%. Assumant cette valeur, un père ne serait véritablement le père biologique d’un fils allégué sur le plan documentaire que dans 99% par génération. Après 10 générations, la probabilité pour le de-cujus d’être vraiment le descendant de son patriarche en patrilignage n’est que de 89.53%. À un taux d’ÉNP de 5%, cette probabilité passe à 56,88%. La Figure 1 illustre la probabilité cumulée sur plusieurs générations pour des taux moyens et constants de fausse paternité pour des valeurs entre 1 et 5%.
Figure 1. Probabilité cumulée sur plusieurs générations pour des taux moyens et constants de fausse paternité pour des valeurs entre 1 et 5%.
Ce taux d’erreur introduit par des ÉNP s’accumule sur toute une généalogie. Ainsi, 65.5% comme taux d’erreur est obtenu pour les patrilignages ne considérant que 7 générations. Considérant 12 générations, le taux d’erreur est de l’ordre de 50%. C’est donc dire, qu’en principe, 50% des généalogies reposant uniquement sur les enregistrements BMS seraient ‘fausses’, d’où la nécessité de valider au moins certaines des lignées qui descendent jusqu’au de-cujus ou tout près. Les lignées validées dans le cadre d’une généalogie pourront servir à valider des segments de lignées dans d’autres généalogies. La validation d’un corpus généalogique est un travail collectif. On trouvera un début de validation au Catalogue des signatures ancestrales validées www.signatures-adn.org