En complétant un arbre généalogique, le généalogiste*) construit une structure conforme à son interprétation des enregistrements de baptêmes, de mariages et de sépultures (BMS) qu’il rencontre au cours de ses recherches documentaires. Il lui arrive même d’emprunter des segments de généalogies déjà rassemblés par d’autres généalogistes; il les incorpore alors à son arbre sans nécessairement toujours rigoureusement les vérifier par une conciliation aux actes BMS originaux correspondants. Les informations aussi consciencieusement colligées peuvent néanmoins ne pas s’avérer parfaitement conformes à la réalité documentaire. De plus, même si le sens révélé par la documentation se trouve parfaitement respecté par la structure de descendance ainsi érigée, rien n’indique que cette dernière respecte la réalité biologique. Une toute petite erreur introduite dans une lignée près du de-cujus pourra fausser tout un pan d’une généalogie.
Pour plusieurs généalogistes, construire une généalogie se résume à reproduire très fidèlement ce que révèlent les actes BMS. Or, ces actes ne peuvent refléter qu’une réalité culturelle, cachant ce qui s’est vraiment passé sur le plan de la transmission biologique. En effet, des événements dits « non parentaux » (ÉNP) se produisent, auxquels les enregistrements BMS ne furent pas « sensibles » à certaines époques. C’est le cas de certaines adoptions, des cas d’assimilation silencieuse, de naissances illégitimes, de changements de nom de famille, de la confusion par les chercheurs de couples homonymes ou paronymes, &c.
Une démarche généalogique qui se veut rigoureuse doit viser l’objectivité et le réalisme, à l’instar des sciences qui doivent servir ici de modèle. Le généalogiste doit prendre les moyens de s’assurer que les structures généalogiques inférées à partir des enregistrements BMS sont valides sur le plan biologique. Ce test de validité peut être fait par des tests d’ADN. Ainsi, la découverte d’une discontinuité dans la transmission de l’ADN dans une descendance oblige le chercheur à remettre en question le résultat de la recherche documentaire, aussi méticuleuse et rigoureuse fut-elle. Par ailleurs, le résultat d’un test d’ADN pourra souvent suggérer une réorientation de la recherche documentaire, indiquant là où la recherche devra dorénavant se poursuivre. Dans d’autres cas, le résultat justifiera la fin d’une recherche incessante. Quant aux ÉNP révélés, une fois conciliés ou interprétés à la lumière des données fournie par la recherche documentaire, ils peuvent alimenter l’histoire familiale.
Il serait irréalisable de tester par l’ADN chacun des liens de filiation dans une généalogie. Cependant, en principe, il est possible de mettre à l’épreuve plusieurs lignages d’une généalogie et de les valider par quelques tests d’ADN. En effet, une généalogie est essentiellement composée de lignées des mères et de lignées des pères. Un test de validité consistera à comparer la signature d’un ancêtre matrilinéaire ou patrilinéaire à celle de son descendant avéré sur le plan documentaire. En découvrant que la signature du descendant allégué concorde avec la signature ADN de son ancêtre en matrilignage ou en patrilignage, la chaîne de transmission de cet ADN et donc la séquence d’ancêtres révélés par la recherche documentaire se trouvent ainsi supportées, validées. Une validation n’est cependant pas une preuve irréfutable. La validité vient à divers degrés et elle résulte d’une concordance entre signatures ADN que le hasard ne peut pas expliquer.
Le présent texte explique comment procéder à une telle validation par l’ADN.
Principes de transmission de l’ADN
La structure d’ensemble que forme une généalogie peut être représentée comme un éventail, tel que l’illustre la Figure 1. Cette figure classique suit le système de numérotation Sosa. La numérotation débute avec la personne dont on construit la généalogie, aussi appelée le « De-cujus ». Il est le #1. On numérote ensuite les ascendants du #1 en suivant le sens horaire et en migrant vers la périphérie à chaque génération une fois complétée. Ainsi, le père du #1 est le #2 et sa mère, le #3. Les nombres pairs correspondent à des hommes et les nombres impairs à des femmes.
Figure 1. Éventail illustrant les différents lignages qui peuvent être validés par des tests d’ADN. Les cellules en bleu correspondent à des hommes et les rose à des femmes. Les ancêtres en matrilignage et en patrilignage se trouvent à l’apex de chaque rayon.
Le matrilignage du #1 conduit en apex à m1, sa matriarche. Son patrilignage conduit en apex à p1, son patriarche. La lignée des pères du De-cujus (#1) est composée des hommes #2, #4, #8, #16, #32, #64, …, p1. Sa lignée des mères se compose des femmes #3 (sa mère), #7, #15, #31, #63, #127, …., m1.
Sur cette figure, chaque rayon qui se rend en périphérie de l’éventail est constitué soit d’un matrilignage, indiqué en rose, ou d’un patrilignage, indiqué en bleu. Rappelons qu’un matrilignage est une lignée utérine ou lignée des mères. Le patrilignage quant à lui est formé d’une lignée des pères. Nous désignerons par m1 la matriarche qui se trouve à l’apex de la lignée directe des mères du #1. Elle est aussi la matriarche de toutes les femmes qui composent le matrilignage du #1, débutant avec sa propre mère, la #3. C’est par convention que la mère à l’apex est déclarée « matriarche ». Il s’agit de la femme la plus lointainement connue du matrilignage. Sur la Figure 1, la matriarche du #2, à savoir le père du #1, est notée m2. Il en est de même pour les lignées patrilinéaires. Le patriarche de #1 sera noté p1. Le patriarche du #6 est p6. Il se trouve à l’apex du patrilignage du #6. Et ainsi de suite pour les autres matrilignages et patrilignages de la généalogie. La Figure 1 porte uniquement sur huit générations, et se termine à l’ancêtre situé en apex de chacun des lignages. Cependant, ce nombre de générations pourra varier d’un lignage à un autre et selon les généalogies. Chez les québécois, la matriarche correspond le plus souvent à la première femme du matrilignage qui s’est établie en Nouvelle France ou en Acadie il y a 10 à 13 générations. Ce sont souvent des Filles du Roi ou des Filles à marier. Dans environ 6% des cas de québécois de souche, la matriarche sera une autochtone (VÉZINA et al., 2012) et il sera possible de l’affirmer à partir de l’haplogroupe d’appartenance de l’ADN mitochondrial étudié.
Les principes de transmission de l’ADN mitochondrial et de l’ADN du chromosome Y sont simples et la validation des divers matrilignages ou patrilignages se fera grâce à leur mode de transmission biologique.
Le premier principe concerne la transmission de l’ADN mitochondrial (noté ADN-mt) qui suit la lignée utérine ou matrilinéaire. La signature ADN-mt d’une personne dans une généalogie est celle des femmes qui font partie de sa lignée maternelle et qui furent impliquées dans la transmission de cet ADN-mt de génération en génération jusqu’à elle. Dans le cas de l’ADN-mt et d’un matrilignage, la personne dont on étudie le matrilignage pourra être indifféremment un homme ou une femme. Les hommes et les femmes reçoivent intégralement leur signature mitochondriale de leur mère biologique. Cependant, uniquement les femmes sont en mesure biologiquement de la transmettre à leur tour à leurs enfants. Ainsi, sur la Figure 1, le #1 possède la signature ADN-mt de sa mère #3 et de toutes les femmes de sa lignée des mères jusqu’à la matriarche m1.
Le deuxième principe concerne la transmission de l’ADN du chromosome Y (noté ADN-Y) qui n’est possédé que par les hommes, pris dans le sens restrictif de « mâles » de notre espèce. Cette transmission de la signature ADN-Y se produit intégralement (ou presque) de père en fils, suivant en cela la lignée des pères. Ainsi, le #1 possède la signature du #2, son père, du #4, son grand-père et de tous les hommes qui font partie du patrilignage du #1, jusqu’au patriarche p1.
De ces deux principes découlent logiquement et biologiquement deux conséquences pour la généalogie par ADN :
1. Toute femme ou tout homme dans une généalogie devrait montrer la même signature ADN-mt que sa matriarche en matrilignage.
2. Tout homme dans une généalogie devrait montrer la même signature ADN-Y que son patriarche en patrilignage.
Procédure de mise à l’épreuve d’un lignage
Appelons « personne ciblée » le descendant dont la signature ADN-mt ou ADN-Y sera comparée à celle de la matriarche ou du patriarche qui se trouve en apex du lignage concerné. Ainsi, nous rapportant à la Figure 1, prenons l’individu #1 comme personne ciblée. La signature ADN-mt du #1 sera comparée à celle de m1, sa matriarche située en apex de son matrilignage. De même, la signature ADN-mt du #2 qui est le père de #1 sera comparée à celle de sa propre matriarche m2. Il en est de même pour l’ADN-Y. La signature ADN-Y du #1 sera comparée à celle de p1, son patriarche en patrilignage. La signature ADN-Y du #6, le grand-père du #1 du côté maternel, sera comparée à la signature ADN-Y du patriarche p6. Et ainsi de suite pour tous les matrilignages et patrilignages d’une généalogie. Voilà pour les principes. En pratique la situation se complique par l’impossibilité de tester directement l’ADN des personnes ciblées et des ancêtres en apex. Dans le premier cas, il faudra avoir recours à des substituts. Leur choix doit s’inscrire dans la logique de la transmission d’ADN énoncée plus haut. Ainsi, le fils ou la fille avérée d’une femme ciblée disparue (ou ne voulant pas participer à la validation) ont hérité leur signature ADN-mt de cette dernière et pourront servir pour la remplacer afin de tester par ADN-mt un lignage maternel. Le fils ou le petit-fils avéré d’un homme disparu pourront agir comme substitut de remplacement pour ce dernier et fournir l’ADN-Y qui servira à la comparaison avec la signature du patriarche en apex du patrilignage dont ils sont aussi issus. Le fils et le petit-fils ont hérité de la signature ADN du chromosome Y du père qui ne peut participer. Or, plus le nombre de générations séparant un proxy de la personne à remplacer est grand, plus il y a de chances qu’un ÉNP se soit produit entre ce proxy et la personne qu’il ou elle remplace. La non concordance entre les signatures n’impliquera pas obligatoirement que la personne ciblée ne descend pas de l’ancêtre en apex. Des explications rivales sont possibles. Par contre, dans le cas d’une concordance parfaite trouvée entre la signature du substitut et celle de l’ancêtre en apex, le test aura autant de validité que si la personne ciblée avait elle-même fourni l’ADN. Afin d’éviter d’avoir recours à des substituts, la validation d’une généalogie procédera d’abord en testant les lignages qui touchent le #1 ou qui concernent l’une des trois générations plus en amont, à savoir ses parents, ses grands-parents et ses arrières grands-parents.
Tester un lignage consistera à comparer la signature ADN de la personne ciblée (ou de son « proxy ») à celle de l’ancêtre qui se trouve en apex de ce lignage maternel ou paternel, selon qu’il s’agit d’un matrilignage ou d’un patrilignage. Pour ce faire, il faut connaître la signature de la personne ciblée et de son ancêtre en apex. Si le lignage est un matrilignage, il faudra commander un test décrivant les caractéristiques de l’ADN des mitochondries de la personne ciblée dans l’arbre. S’il s’agit d’un patrilignage, il faudra commander pour l’homme ciblé un test décrivant l’ADN de son chromosome Y. Or, comment connaître la signature de l’ancêtre en apex puisque cette personne est décédée il y fort longtemps? Sa signature ne peut pas être lue directement en excavant ses vieux os ou en ou en prenant l’ADN sur des objets lui ayant appartenu. Il est possible que cette signature ait été inscrite dans un catalogue de signatures ancestrales validées. Il existe un début de catalogue pour les signatures ancestrales des Laurentiens (Nouvelle-France, Acadie, Amérindiens) à http://bit.ly/XhSQFq
Si la signature n’est pas déjà cataloguée, il faudra alors procéder à la caractérisation de cette signature par triangulation.
Identifier et valider la signature ancestrale par triangulation
La triangulation est abordée plus à fond à http://bit.ly/YKJ9hO. Pour rappel, une triangulation procède par le choix de descendants qui sont avérés sur le plan documentaire depuis un ancêtre commun le plus rapproché (ACPR). Comme le nom l’indique, l’ACPR est l’ancêtre le plus récent que les deux généalogies partagent en commun. Les participants qui sont choisis – au minimum deux – doivent posséder cet ACPR en matrilignage ou en patrilignage selon le cas. On compare ensuite les signatures ADN-mt ou ADN-Y respectives des participants. Si leurs signatures ADN concordent, c’est qu’ils possèdent la signature de leur ACPR. La triangulation est réussie. La triangulation de la signature ancestrale peut être réalisée indépendamment de la personne ciblée dans une généalogie en utilisant des personnes qui sont descendants avérés de l’ACPR dont on veut établir la signature mais qui ne font pas partie du lignage à valider. Le plus souvent cependant, la personne ciblée dans une généalogie participera à la triangulation avec une autre personne externe au lignage que l’on s’apprête à valider.
Lorsque la personne ciblée participe à la triangulation de la signature de l’ancêtre en apex, une triangulation réussie vient valider la lignée de transmission de l’ADN-mt ou ADN-Y, selon le cas, entre l’ancêtre en apex et la personne ciblée. Lorsque la signature de l’ancêtre a été indépendamment triangulée, le généalogiste compare alors la signature obtenue pour la personne ciblée à celle maintenant validée de l’ancêtre en apex du lignage à valider. En général, deux signatures ADN seront considérées tout à fait concordantes si elles présentent les mêmes mutations et si elles appartiennent au même haplogroupe. Or, cette décision n’est pas toujours simple si des différences minimes existent entre les signatures ou si les haplogroupes n’ont pas été déterminés à même profondeur.
La généalogie par ADN emprunte à la science sa démarche qui se veut critique et publique. Ses énoncés doivent demeurer hypothétiques, c’est-à-dire confirmables ou infirmables par d’autres généalogistes. Il faudra donc que le chercheur rende public le cas de (non-) concordance et le soumette à une communauté de généalogistes pour obtenir des avis. Cela peut se faire sur une plateforme comme le www.Forum-ADN.org, par exemple. Il en est de même pour la signature de l’ancêtre qui aura été nouvellement validée par triangulation. En l’inscrivant au catalogue des signatures ancestrales validées, en joignant les éléments qui servirent à la validation, à savoir les signatures ADN des participants avec leur haplogroupe, les listes des mères ou des pères dont chacun descend, leur ACPR, le généalogiste fournit la possibilité à d’autres généalogistes de la communauté de vérifier si le travail a été rigoureusement fait et les place dans une position ou il leur est possible de détecter, le cas échéant, des erreurs méthodologiques ou documentaires qui viendraient entacher, voire invalider le travail de validation.
Si le descendant ciblé possède la signature de l’ancêtre en apex, ce constat viendra:
(1) confirmer la validité biologique de la transmission de l’ADN depuis l’ancêtre en apex, via chacun des ancêtres faisant partie de la chaîne de transmission de cet ADN, jusqu’au descendant ciblé;
(2) établira la validité de l’engendrement entre chacune des générations faisant partie du lignage validé;
(3) confirmer la validité de la recherche documentaire qui aura présidé à la construction de ce lignage à partir d’actes BMS.
Dans le cas contraire, le fait que le descendant testé ne possède pas la signature ADN de son ancêtre en apex signalera une discontinuité dans la transmission de l’ADN entre l’ancêtre allégué et son descendant ciblé. Cette discontinuité peut être attribuée à divers facteurs. En premier lieu, il peut s’agir d’une erreur documentaire ou cléricale. Il faudra donc toujours rigoureusement réviser la preuve documentaire et surveiller la possibilité de confusion entre couples homo ou paronymes. Si la preuve documentaire révisée s’avère robuste, la discontinuité pourra suggérer qu’un Événement Non Parental ou ÉNP biologique s’est produit dans le lignage concerné. C’est une invitation à retracer là où cet ÉNP aurait pu se produire. Par ailleurs, s’il s’agit d’un ÉNP paternel, il est parfois possible de connaître le patronyme du père véritable. En effet, une forte concordance de la signature de la personne ciblée avec d’autres signatures d’hommes trouvées dans une base de données publique pourra parfois autoriser des hypothèses sur le nom de famille du parent véritable, un pensionnaire, un voisin, confirmable en examinant par ex. les relevés d’un recensement. Plusieurs opérations de triangulation pourront permettre de cerner la génération où s’est vraisemblablement produit l’ÉNP. De plus, la non-concordance au niveau de l’ADN-mt ou de l’ADN-y pourra suggérer qu’une adoption s’est produite. Ainsi, les hommes dans une généalogie se situent à l’intersection d’un matrilignage et d’un patrilignage. Si leur ADN-mt et leur ADN-Y ne concordent pas respectivement avec celui de leur ancêtre en matrilignage et en patrilignage, cela pourra suggérer qu’une adoption s’est produite à leur niveau ou en amont.
Par ailleurs, il arrivera lors d’une non-concordance que l’haplogroupe d’appartenance de l’ADN du descendant donne des indications sur là où devrait être poursuivie la recherche documentaire ou, au contraire, suggérer l’abandon pur et simple de la recherche documentaire. C’est le cas, par exemple, lorsque l’ADN d’une lignée supposée européenne révèle des origines ancestrales amérindiennes et que les registres BMS n’existent plus.
Tests d’ADN appropriés
Pour valider un matrilignage, commander des tests ADN-mt
Valider un matrilinéaire appelle des tests d’ADN portant sur l’ADN mitochondrial possédé autant par les hommes que les femmes. La mitochondrie comprend une région contrôle subdivisée en deux zones hypervariables (HVR-I et HVR-II) et une région codante (CR). Pour tester un lignage matrilinéaire, il faut commander des tests ADN-mt couvrant les régions HVR-I et HVR-II. Si les tests sont commandés auprès de la compagnie Family Tree DNA (FTDNA), les résultats comprendront, en plus d’une description des bases mutées de la région contrôle (HVR1 et HVR2), un diagnostique assez précis sur l’haplogroupe d’appartenance. Cet haplogroupe aura été obtenu par le lancement de 22 sondes différentes dont plusieurs interrogent la région codante même si elle n’a pas été commandée explicitement. Il existe aussi un test appelé « Full Mitochondrial Sequence » (FMS) qui décrit l’ensemble du génome de la mitochondrie, donc HVR-I, HVR-II et CR. Ce test est idéal pour décider de l’haplogroupe auquel appartient un ADN-mt et pour établir le degré de concordance entre des génomes mitochondriaux. Les signatures ADN-mt seront considérées parfaitement concordantes si elles possèdent exactement les mêmes mutations (variations depuis le CRS ou depuis le RSRS), exception faite de certaines mutations considérées banales en raison de leur inconstance ou volatilité. Un test comprenant HVR-I et HVR-II (le test mtDNAplus) coûte 50$. Le test FMS (mtFullSequence) coûte 200$ mais porte sur 16 fois plus de bases. Pour commander dans le cadre du projet ADN Héritage Français, visiter notre page à http://bit.ly/XC6LpM
Pour valider un patrilignage, commander des tests ADN-Y
Valider un patrilinéaire appelle des tests d’ADN portant sur l’ADN du chromosome Y qui est possédé uniquement par les hommes. Une femme pourra connaître l’ADN-Y de son patrilignage en demandant à son père, à son frère ou à un oncle paternel de fournir les prélèvements qui serviront aux analyses. Pour bien connaître l’ADN du chromosome Y d’un homme, il faut décrire le polymorphisme de répétition (les STR) et le polymorphisme d’état (les SNP). Deux tests distincts fourniront ces informations. Le premier établira une signature reposant sur un minimum de 25 marqueurs de type « Short Tandem Repeat » (STR). Les STR contribuent au polymorphisme de répétition et forment ce qu’on appelle parfois les microsatellites. Un second test examinera le polymorphisme d’état de l’ADN-Y et révélera la présence de mutations SNP singulières. Ces SNP permettent d’identifier l’haplogroupe et le sousclade (une subdivision de l’haplogroupe) d’appartenance de cet ADN-Y. Ce test est appelé « Deepclade ». Jusqu’en 2015 les résultats d’un test Geno2 fourniront la même information que le test « Deepclade » et pourront donc avantageusement le remplacer. Ultérieurement, d’autres tests plus avancés deviendront sûrement disponibles.
Deux signatures ADN-Y fournies par des hommes de même patronyme ou de variantes seront dites parfaitement concordantes si (1) l’ensemble des valeurs des marqueurs STR correspondants sur les deux signatures ne sont pas différentes de plus de 15%, et si (2) les deux signatures possèdent les mêmes SNP, appartenant ainsi au même haplogroupe ADN-Y et au même sousclade. La compagnie FTDNA estime par régression statistique l’haplogroupe d’appartenance lorsqu’un test portant sur 25 marqueurs est commandé. C’est un point de départ uniquement. Le diagnostique s’avère beaucoup plus précis (et valide) lorsqu’un test « Deepclade » distinct est commandé (ou le Geno2). L’haplogroupe et le sousclade sont alors déterminés en examinant le polymorphisme d’état révélé par les SNP, au lieu d’être estimé par régression. Il faut garder en tête que deux signatures peuvent concorder et être très semblables quant à leurs valeurs STR mais appartenir à des haplogroupes différents. Un test portant sur 25 marqueurs STR coûte environ 125$.
Avant de commander un test, il est important de parcourir les bases de données publiques comme YSearch.org ou MitoSearch.org pour s’assurer qu’une personne cadrant avec notre projet de triangulation n’aurait pas déjà passé un tel test. Dans le cas de l’ADN-Y, il s’agira d’un homme de même patronyme ou d’une variante. L’intérêt est évidemment de diminuer les coûts de la recherche généalogique par ADN. Le cas échéant, il s’agira alors de contacter ce généalogiste et de vérifier avec lui ou elle sa généalogie afin de déterminer si vous possédez un ACPR commun; et d’inviter ce cousin à participer à votre recherche.
Pour réaliser une triangulation valide
Les principes pour obtenir une triangulation valide sont les mêmes pour l’ADN-mt et l’ADN-Y. Prenons comme exemple la triangulation de la signature ADN-mt de m1, la matriarche en matrilignage du De-cujus #1. La signature du #1, de même que celle d’une autre personne avérée descendre de la même matriarche m1 sont requises. Évidemment cette autre personne doit posséder m1 dans son matrilignage. Leur ancêtre commune la plus rapprochée (ACPR) est alors déterminée à partir de leurs généalogies documentaires respectives. Pour que la triangulation soit parfaitement réussie, il faut que cet ACPR soit l’ancêtre m1, à l’apex du matrilignage de chacun. Autrement dit, il faut que le #1 et cette personne descendent de deux filles distinctes de m1, chacune donnant lieu à une lignée de femmes.
Une triangulation sera parfaitement réussie sur m1 si les trois concordances suivantes sont réalisées:
(1) les deux personnes présentent des signatures ADN-mt qui sont identiques; (2) les deux personnes sont descendantes avérées de m1 sur le plan documentaire et m1 fait partie de leur matrilinéage respectif; (3) leur ACPR en matrilignage est m1.
Si les concordances (1) ou (2) ne sont pas obtenues la triangulation échoue. Ainsi, si les signatures des personnes fournissant l’ADN ne correspondent pas, ou si leur ascendance matrilinéaire ou patrilinéaire respective ne convergent pas sur un ACPR, la triangulation échoue. Si uniquement (3) ne se trouve pas satisfait et que l’ACPR n’est pas la matriarche mais une de ses filles, alors la triangulation est réussie jusqu’à l’ACPR concerné. Il arrivera que l’ACPR ne soit pas m1 mais une de ses filles. C’est le cas lorsque m1 n’a eu qu’une seule fille ayant de la descendance jusqu’à ce jour. Rappelons que les deux personnes fournissant l’ADN-mt servant à la validation de la signature ancestrale matrilinéaire doivent descendre de deux filles distinctes de la matriarche. Une triangulation réussie sur la fille m1-1 de m1 ne valide le matrilignage que jusqu’à cette fille et non jusqu’à m1 en apex. Cette triangulation présente moins de validité que si m1 était l’ACPR. En effet, il est toujours possible qu’un ÉNP ou une erreur documentaire se soit produit entre la fille et m1. La validité d’une triangulation sur m1 correspondra donc à jusqu’à quel point la signature ADN-mt des personnes servant à la triangulation est bien celle de m1, l’ancêtre ciblé. Par rapport à m1, une triangulation ayant comme ACPR m1+1 est moins valide qu’une triangulation ayant m1 comme ACPR. Or, une validation partielle réussie sur un ACPR plus récent que l’ancêtre en apex est déjà bien mieux qu’aucune validation.
Les mêmes précautions méthodologiques s’appliquent lors de la validation de la signature ancestrale d’un patriarche. Ainsi, le patriarche p1 doit être l’ACPR des deux hommes qui fourniront la signature ADN-Y. Cette triangulation sur p1 ne sera réussie à 100% que si les signatures correspondent à celles de fils distincts de p1. Ces fils peuvent provenir de différents lits mais avoir le même père. Autrement, la triangulation ne pourra se faire que sur l’ACPR qui sera un des descendants plus en aval de p1.
Propective
Si suite aux triangulations réussies les signatures des ancêtres sont systématiquement cataloguées et enregistrées dans les bases de données accessibles au public, elles pourront par la suite servir de balises pour la recherche généalogique et seront disponibles pour la validation d’autres lignages dans la même généalogie ou dans d’autres ayant ces mêmes ancêtres en apex. Un homme ou une femme faisant partie d’une chaîne de descendance validée par triangulation peut aussi servir à la validation d’autres lignages dans la même généalogie ou dans une autre généalogie. En effet, le même ancêtre peut revenir comme géniteur dans divers lignages d’une même généalogie. Or si nous connaissons d’une précédente validation la signature ADN que cet ancêtre a transmise à sa descendance, cette connaissance pourra être utilisée par le généalogiste pour prédire l’ADN d’une série de descendants participant à d’autres lignages. Ainsi les signatures ADN-mt et ADN-Y et les haplogroupes des couples faisant partie de lignages validés devraient être consignées dans des bases de données et servir à la validation de lignées nouvelles.
En ce qui regarde les fondateurs du Canada français et de l’Acadie, le catalogage a débuté dans le cadre du projet ADN Héritage français (http://bit.ly/1bh9HmM). En outre, cette information sur l’ADN-mt et l’ADN-Y pourra éventuellement être incorporée à des bases-de-données généalogiques en tant que composante transmise héréditairement aux descendants, suivant le matrilignage ou le patrilignage respectif chacun. Une telle base-de-données généalogique sera en mesure de prédire la signature ADN-mt d’un descendant et, dans le cas d’un descendant masculin, de prédire par surcroît sa signature ADN-Y.
Ce travail de fondation de nos généalogies dans l’ADN prendra plusieurs années à se réaliser et donnera sans doute lieu à des débats captivants, voire controversés, à propos de la nature même de la généalogie, tantôt vue comme une entreprise essentiellement culturelle ou comme le résultat d’une articulation des données culturelles à celles fournies par l’analyse scientifique de la transmission de l’ADN.
Version du 2013-OCT-20
RÉFÉRENCES
VÉZINA, H., JOMPHE, M., LAVOIE, E, MOREAU, C. & LABUDA, D. (2012). L’apport des données génétiques à la mesure généalogique des origines amérindiennes des Canadiens français. Cahiers québécois de démographie, 41, 87-105.
Catalogue des signatures ancestrales validées se trouve à http://signatures-ADN.org et à http://triangulations.ca